mardi 25 mars 2008

Offre d'emploi dans le troisième secteur

Le monde de la philanthropie francophone est un petit monde, et les ressources y sont encore rares. Comme je crois aux valeurs de l'entraide et du partage, je fais passer le mot sur une offre d'emploi que je viens de recevoir par email et qui intéressera les professionnels du marketing du troisième secteur. C'est pour la France. Envoyez moi un email si vous êtes intéressé, je ferai suivre au cabinet de recrutement, ou contactez-les directement, coordonnées en bas du message.


Consultante au sein du cabinet Proway Executive Search, cabinet de conseil en recrutement, je me permets de prendre contact avec vous afin de vous faire part d’un projet sur lequel je travaille.

En effet, Proway est fortement impliqué dans le monde associatif.


Dans ce cadre, je travaille pour une association française importante (500 salariés, 1 200 000 donateurs récurrents) oeuvrant dans le secteur de la santé qui recherche son Directeur Marketing. Il s’agit d’un poste très stratégique rattaché directement auprès de la présidence. Le candidat aura en charge de redéfinir une stratégie de développement des ressources innovante.

Cette association souhaite développer des méthodes de collecte de fonds et des actions de marketing créatives, liées aux nouvelles technologies et à l’approche des grands donateurs ou futurs légataires.

Votre professionnalisme reconnu dans le secteur fundraising/nouvelles technologies m’amène naturellement à vous solliciter. En effet , si vous connaissez des personnes susceptibles de correspondre à ce descriptif, je vous serais reconnaissante de bien vouloir leur transmettre mes coordonnées ou de m’adresser les leurs afin que nous puissions entrer en contact.

Enfin je reste à votre disposition pour échanger à ce sujet. Vous trouverez ci-joint la fiche de poste correspondant à cette recherche.

Vous remerciant par avance de l’attention que vous porterez à ma recherche.

Cordialement


Charlotte POUCHET
M@il:cp@proway.fr



Et voici la fiche mentionnée dans l'email:

Organisme à but non lucratif, acteur majeur du monde associatif recherche son Directeur Marketing.

Rattaché directement à la Présidence, il/elle aura pour missions de :
- Définir la stratégie marketing liée au développement des ressources dans une approche française et européenne.

- Développer l’image et la notoriété de l’organisme.

- Définir dans une approche de marketing global, le nouveau modèle de levée de fonds en prenant en compte l’univers concurrentiel et l’évolution des nouvelles technologies (Internet, mobile, TNT…).

- Concevoir et piloter la mise en œuvre de plans d’actions en s’appuyant sur les experts internes et externes.

- Créer et mener une démarche de fidélisation.

Compétences :
De formation supérieure, vous possédez une expérience pluridisciplinaire d’au moins 10 ans dans le marketing acquise en entreprise ou en société de conseil (une connaissance du monde associatif serait un plus).
Vous avez le sens du contact et de la négociation ainsi qu’une capacité de synthèse et d’analyse stratégique. Vous êtes dynamique, curieux et vous maitrisez l’anglais professionnel oral et écrit. Vous faites preuve de souplesse et de capacité d’adaptation.
Votre autorité naturelle et votre capacité de persuasion vous permettent d’obtenir le soutien des équipes.

NOTA/DISCLAIMER: Je ne connaissais pas Proway avant de recevoir cet email et je diffuse cette information avec leur accord certes mais sans recevoir ni commission ni instruction de leur part. Je ne le fais que pour la "cause", demanière désinteressée et parce que le poste m'a paru intéressant de prime abord.

mardi 11 mars 2008

La philanthropie en l'an 2033 ou l'idée d'une bourse de la philanthropie


Vous avez remarqué que nous vivons dans un monde capitaliste! L'argent est le nerf de la guerre, de toutes les guerres, ce n'est plus un scoop pour personne. Même la Chine communiste adopte le modèle libéral, c'est dire... Et je pense que la philanthropie adopte aussi le modèle libéral. Il n'y a qu'à écouter Bill gates parler de capitalisme créatif pour s'en convaincre, ou encore d'observer les résultats de Kiva, (une plateforme web de micro-crédit inspirée par le Nobel de la paix Muhammad yanus), qui connait aujourd'hui le beau problème d'avoir trop de financements et pas assez de projets à financer... La logique veut aujourd'hui que les donateurs sont prêts à donner si ca leur rapporte quelque chose. Ils veulent un retour sur investissement. Cette règle vaut autant pour les petits donateurs que pour les grandes fondations qui subventionnent des projets en espérant obtenir un maximum d'impact social.

C'est pourquoi, d'ici quelques années, le troisième secteur se sera doté d'outils qui existent déjà dans le secteur marchand. Le premier de ces outils est presque aussi vieux que le commerce lui même: c'est la Bourse! Les fonds éthiques existent déjà, de même que le capital de risque philanthropique, alors pourquoi pas une Bourse éthique, ou solidaire, ou sociale, ou peu importe le nom que l'on voudra bien lui donner.

J'ai lu cette semaine un éditorial du Financial Times,de Sean Stannard-Stockton, (également bien connu dans le monde du troisième secteur pour son excellent blog tactical philanthropy), qui essayait de brosser un tableau de ce que serait la philanthropie en 2033. Je m'en suis trés librement et largement inspiré pour développer cette vision de la philanthropie du futur...

Car demain (ou aprés-demain) je suis convaincu qu'il existera une "bourse solidaire". Sur cette place financière se transigeront des titres d'ONG et d'organismes caritatifs cherchant des financements pour changer le monde. Chacun y exposera sa vision, ses objectifs et ses méthodes. Les bourses demanderont évidemment une quantité astronomique d'informations et de chiffres qui seront rendus publics pour pouvoir coter les organismes candidats. Ceux-ci feront donc massivement appel à internet pour publier toutes les données les concernant comme le font aujourd'hui toutes les entreprises publiques cotées en bourse. Ceux qui ne font pas encore d'internet un outil de communication privilégié n'auront plus le choix que de s'y mettre...

La notion de retour sur investissement sera traduite dans ces bourses solidaires par une mesure d'impact sociétal que chercheront à maximiser les grandes fondations privées avant d'investir dans des organises communautaires. On peut aussi prédire que des organismes indépendants se plongeront dans l'analyse des données des ONG afin de leur attribuer une cote de crédit, ou de crédibilité, comme le font aujourd'hui les indices Moody's de ce monde. Ce sont eux qui créeront (et mesurerons) les indices d'impact sociétal sur lesquels se baseront les fondations avant de financer des groupes communautaires.

On peut aussi imaginer que les ONG et autres organismes caritatifs communautaires cherchant des financements pour réaliser leur vision tiendront des salons d'expositions. Le bon vieux "trade show" sera revampé à la sauce philanthropique. Les villes accueillant les sièges sociaux des plus grandes fondations du monde auront la vocation naturelle de devenir les villes d'accueil de ces salons internationaux. Les ONG locales et nationales viendraient régulièrement y exposer leurs projets, leur méthodologie, leurs besoins, et les résultats escomptés. Elles utiliseraient aussi bien sur les réseaux sociaux pour demander au grand public de choisir parmi leurs différents projets, lesquels seraient les plus prioritaires et les mieux reçus par les premiers concernés. et appui populaire serait un gage supplémentaire de confiance pour inciter les fondations à investir.
L'idée n'est ni folle ni avant-gardiste: la Fondation Clinton à créé la Clinton Global Initiative (CGI) qui est une conférence annuelle (qui se tient à New-York, siège de sa fondation pendant 3 jours en septembre) et qui réunit un millier de participants parmi les plus riches du monde. Le forum de Septembre dernier a réunit 52 chefs d'états actuels ou passés qui ont chacun versés 15,000$ pour être là et débattre des grands problèmes atuels de l'humanité avec différents intervenants de grandes fondations... Par ailleurs, un évènement moins populaire, mais peut-être plus grand public est la social capital market conference de San Fransisco qui se réunit en Octobre prochain et qui rassemblera des entrepreneurs sociaux et des investisseurs... on est pas loin de la Bourse là...

On peut donc imaginer que c'est dans ces grandes villes de salons philanthropiques que seraient également créées les premières bourses solidaires. Et comme nous assistons aujourd'hui à un vaste mouvement de fusion des bourses, il n'y a aucune raison de croire que les bourses solidaires ne finiraient pas par fusionner elles aussi... Ces fusions impliqueraient une plus grande concentration des capitaux investis. Certaines fondations fusionneraient également à leur tour, il s'en créé de toutes façons beaucoup trop actuellement, (trop souvent pour des raisons d'avantages fiscaux), et tous ces fonds dispersés travaillent en silo, ce qui est regrettable du point de vue de l'efficacité. Les bourses solidaires auraient donc tendance à corriger cette situation. La situation deviendrait complexe au point que des magazines spécialisés verraient le jour pour évoquer le marché philanthropique et ses tendances. sur ces bourses seraient aussi transigés des parts de fonds philanthropiques. Aprés le venture capital, nous aurons le philanthropic capital. Aprés le capital de risque, nous aurons le capital philanthropique.

Ca non plus ce n'est pas de la science fiction, regardez le LGT group, de la famille princière du Liechtenchtein, qui a créé le LGT venture philanthropy, de 40 millions de dollars (sur les 100 milliards de francs suisse qu'ils gèrent!), un fonds qui investit en Afrique et en Amérique du sud, et qui a vu sa valeur quadrupler depuis sa création...


Pour poursuivre cet exercice de "science-phi(lanthropi)ction" qui n'en n'est pas vraiment, on pourrait imaginer que d'ici 2033, chaque petit investisseur aurait un compte épargne avec des fonds solidaires (ou éthiques comme il en existe déjà) et un conseiller philanthropique qui leur explique les arcanes et les derniers mouvements des bourses solidaires. Les petits investisseurs auraient aussi des comptes dans des banques solidaires dont les fonds aideraient certaines causes. Peut-être même s'agira-t-il de banques Google, qui sait? Ce serait un monde incroyable non? Mais tellement proche de ce que nous connaissons actuellement finalement...

Nous ne serions donc pas à l'abri d'un scandale financier: l'ONG célèbre pour avoir vacciné l'Afrique subsaharienne contre la SIDA pourrait faire faillite par exemple, jetant ainsi le discrédit sur l'ensemble de la profession, et jetant surtout un grand froid sur le marché naissant de la philanthropie... jusqu'à ce que l'on se tourne, encore une fois, vers de nouveaux modèles économiques qui auront déjà fait leurs preuves dans d'autres secteurs...

Bref, en tant qu'observateur de la philanthropie 2.0, il me semble que les prochaines années seront excitantes et pleines de rebondissements... et je suis persuadé que la plupart de ces innovations n'attendront pas 25 ans avant de voir le jour... comme la bourse philanthropique par exemple?

vendredi 7 mars 2008

Opération de guerilla environnementaliste chinoise



Imaginez que vous êtes dans les couloirs d'un métro, en plein centre ville et que soudain, des animaux munis de fusils mitrailleurs à infrarouges se mettent à vous viser, et à vous tirer dessus bruyamment... si vous en réchappiez, vous en parleriez autour de vous non??

C'est ce qui s'est passé dans les couloirs du métro de Pékin, avec cette campagne de guerilla marketing organisée pour le WWF par l'agence Ogilvy. Les images d'animaux étaient munies d'un rayon infrarouge, et lorsqu'un passant croisait ce rayon, une détonation retentissait!

9000 personnes ont été shootées... en une seule journée, et aux extrémités du couloir se tenaient des bénévoles qui informaient le public et les incitaient à devenir membres de l'organisme environnementaliste.


L'agence mettait ainsi «dans la ligne de mire» le fait que pas moins de 816 espèces animales sont en voie d'extinction... sur le seul territoire chinois! Çà fesse comme on dit non? La campagne a du être retirée à la fin de la journée... à cause du bruit... Hmmm...


Via

mercredi 5 mars 2008

Le shockvertising est vraiment mort !







Le shockvertising, qui consiste à montrer des images exagérément grossières, violentes, sexuelles, bref, choquantes, afin de vendre un produit ou un service est en baisse dans l'industrie de la pub en général, et dans celle du non-lucratif encore plus.
Dans l'industrie du don et de la levée de fonds, les images choquantes n'ont plus leur place. Trop d'organismes se sont prêtés à ce jeu, à cette escalade stérile. Aujourd'hui, le public a besoin d'explications, il veut savoir pèle-mêle:
-Pourquoi cette cause est légitime?
- Pourquoi il devrait donner?
- Comment son argent sera utilisé, concrètement?
- Quels sont les résultats attendus?

Dans la vidéo ci-dessus pour la Fondation des Maladies Mentales, on a clairement eu recours au procédé du shockvertising: la maladie mentale étant associée à un kidnapping. Personnellement, je ne trouve pas que ces images soient particulièrement violentes.... elles ne me choquent pas... on voit bien pire tous les jour au téléjournal, au cinéma, et même dans certains séries américaines qui ne sont pas avares en hémoglobine... Par contre je n'aurai pas recommandé une telle approche créative dans laquelle une certaine forme de violence est indiscutablement utilisée pour faire passer le message... et qui est dépassée.

Il se trouve que suffisamment de personnes plus sensibles que moi se sont plaintes au point que la Fondation ait été obligée de retirer ce spot des ondes, se contentant de poursuivre sa campagne en affichage (qui n'est pas meilleure selon moi mais pour des raisons techniques. On n'y voit rien: trop de texte et la perspective n'aide vraiment pas).

Ce retrait est un argument supplémentaire pour arrêter de nous bombarder de cette tendance révolue pour les OSBL qu'est le shockvertising, et de nous donner de l'information constructive et pertinente. Je ne suis pas le seul à le penser: voici un court extrait d'une étude du toujours pertinent CERPHI qui vient juste de sortir:
"[...] les associations humanitaires doivent particulièrement travailler leur communication pour diffuser des messages sur leur utilité, leur efficacité, leur bonne gouvernance mais également doivent travailler sur la dimension affective de leur image. Ainsi, bien faire son travail ne suffit pas, il faut aussi savoir créer de l'émotion, de la sympathie et du lien pour avoir une bonne image".

Le procédé publicitaire du shockvertising lui n'est pas mort, loin de là même si j'en juge par le sucés que rencontre la centaine de spots de la section trash attitude du site culture pub.
Mais pour le troisième secteur, cette tendance n'est plus porteuse, le public est devenu plus mature et demande de l'information avant tout. Amis publicitaires, qu'on se le dise!!

Article relié:
La tendance du shockvertising

mardi 4 mars 2008

Une loterie humanitaire?



Le groupe parions pour un monde meilleur propose de mêler le concept de loterie à celui d'achats solidaires. Le concept serait de créer une loterie dont un pourcentage du gros lot serait remis à une ONG. Le gagnant partage en donnant 20% du montant gagné, et tous ceux qui n'ont pas gagné ont tout de même contribué à la cagnotte. Ils n'ont pas seulement acheté du rêve (et enrichi les caisses de l'état): ils ont aussi participé à une collecte de fonds pour une ONG

Parions pour un monde meilleur semble être en discussion avec la Française des Jeux pour proposer cette loterie humanitaire un concept d'émission TV tournant autour de la remise du gros lot. Les associations suivantes: Intervida, SOS Sahel, Aides, Terre des hommes, Care, La chaine de l'espoir, AFXB-rèves d'enfants, et WWF soutiennent cette initiative.

Le gouvernement francais, (et surtout le ministère de l'économie) doit encore donner son accord, mais il semble qu'une telle loterie soit sur le point de voir le jour.

Le nom de la version anglophone de cette loterie philanthropique est déjà tout trouvé: Bet for a better world... Alors à quand la multiplication du modèle dans d'autres pays?