jeudi 26 mars 2009

Rethink Afghanistan: activisme philanthropico-cinématographique









Il se trouve que dans un cadre professionnel je suis de plus en plus amené à œuvrer aux croisements de la philanthropie, du cinéma, et de la levée de fonds. Le web a déjà transformé l'industrie de la musique, et contrairement à ce que certains disent, c'est pour le mieux: il ne s'est jamais vendu autant de musique dans le monde qu'aujourd'hui. C'est désormais au tour de l'industrie audiovisuelle de subir le virage web, et selon moi, ce sera aussi pour le mieux, pour une plus grande qualité et une plus grande diversité des contenus.

J'en veux pour preuve l'excellent exemple de Robert Greenwald. Ce producteur et activiste américain utilise les nouveaux média pour sensibiliser l'opinion américaine à certaines causes. De son film sur Wal mart à celui sur le nombre de propriétés du sénateur McCain, qui a fait grand bruit durant la campagne présidentielle, Greenwald poursuit aujourd'hui sa croisade en Afghanistan, où le Président Obama vient d'accepter d'envoyer 17 000 nouveaux soldats américains.

Greenwald, pour soutenir toutes ses causes a lancé la fondation Brave new grace à laquelle il produit ses documentaires. Pour chaque nouveau documentaire, bien sur un site web est développé, tel ce dernier en date, rethink Afghanistan. Robert Greenwald est présentement en Afghanistan où il enregistre certains témoignages pour son prochain documentaire.

Sa fondation a compris toutes les ficelles de la philanthropie 2.0. Il a un blogue sur le site du film sur lequel il met des textes de son voyage et des vidéos. Il a aussi son compte Twitter @robertgreenwald où il donne des détails de ses impressions et de ses rencontres en live. Il propose aussi un abonnement pour recevoir ses dernières impressions par courriels, et met à disposition des internautes une pétition en ligne pour demander au Congrés de revoir la stratégie militaire de déploiement en Afghanistan. Il cite de nombreux experts qui expliquent pourquoi ils pensent que la présence américaine sur place est une erreur stratégique, comme sur le vidéo ci-dessus. Toutes ses vidéos sont aussi diffusées sur youtube où il a sa propre chaine et itunes. Il a plus de 2000 amis sur facebook qui le soutiennent. Et il offre du contenu à tous ceux qui veulent bien le soutenir ou mettre sur leur propre profil myspace, facebook ou sur leur blogue...

Enfin, sur tous ses outils de communication, il y a un bouton "Donate". Il demande la participation de ses supporteurs pour aller en Afghanistan tourner les images qui convaincront plus de monde pour l'aider à convaincre son gouvernement de cesser ce combat perdu d'avance, (mais qui dure pourtant depuis 7 ans). Ses donateurs sont donc aussi ses producteurs.

Au delà de la cause elle-même, ce qui me fascine c'est la capacité que nous offrent les nouvelles technologies, et principalement les médias sociaux, à batir non seulement des communautés, mais surtout des mouvements sociaux. Je peux choisir de suivre son voyage en Afghanistan, de lire ses chroniques ou ses status, de regarder ses vidéos, tout celà n'est pas nouveau. Mais je peux aujourd'hui participer à ce mouvement social. Je peux financer son voyage et son tournage. je peux m'approprier la cause, et la défendre haut et fort en devenant producteur. pas besoin de 100,000$ à portée de main, il me suffit de lui donner 20$. Si 5000 personnes font comme moi, le tour est joué...

Je donne souvent des conférences à des producteurs de contenu vidéo. Robert Greenwald est un exemple de ce qui se fait de mieux en ce moment, avec une dimension sociétale (évidemment!). Il pourrait aller encore plus loin dans l'interactivité avec ses internautes (on peut toujours mieux faire), mais si on considère son nombre d'années d'activités, on peut dire qu'il utilise très bien les nouveaux médias.

Je parlais plus haut de la musique. Quand je vois des sites comme mymajorcompany qui parviennent à agréger des microfinancemenmt du public pour lancer un artiste, je me dis qu'il n'est pas loin le temps ou une telle plateforme parviendra à lancer des réalisateurs, des vidéastes, et des documentaristes. Moi par exemple je serai prêt à payer pour être "actionnaire" du prochain film de Luc Besson qui parlerait des dernières espèces de baleines que Greenpeace tente de sauver... Parce que ca m'intéresse, parce que je suis un plongeur, parce que c'est le genre d'images que j'aimerais voir, et que je suis donc prêt à payer pour ca existe...

Si sur une plateforme web, on pouvait choisir, réalisateurs et causes sociétales pour les mixer, la communauté ferait vite ses choix parmi les projets à produire. Une fois le montant nécessaire atteint, le film serait tourné. Si en plus il était distribué et faisait de l'argent, je toucherai une commission proportionnelle à mon montant investi... et voilà! C'est tout simple la philanthropie 2.0!

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