lundi 30 novembre 2009

Je donne une conférence à Paris

Cette semaine, je serai moins présent sur la toile, en déplacement en Europe.

Je serai à Paris pour donner une conférence dans le cadre de la 4ème journée nationale d'information sur les générosités organisée par France Générosité.

Le programme détaillé de la journée est disponible ici.

J'ai été invité sur un panel par Claude Pouvreau, professionnel de la levée de fonds pour les OSBL chez Optimus qui participe souvent aux débats de la Fontaine de Pierres, et qui anime son propre blogue. Nous parlerons des nouvelles façons de donner. Qui est ce fameux E-donateur dont on nous parle tant?Les réseaux sociaux, est-ce pertinent pour le don? Les dons par SMS, est-ce que ca marche? Pourquoi les OSBL devraient elles bloguer plus? Et puis le panel ne serait pas complet si on n'évoquait pas Twitter et ses diverses actions de fundraising...

Un journée riche, et un séjour (toujours trop court) qui va aussi me permettre de (re)rencontrer de nombreux acteurs du caritatif francais... et aussi pas mal d'amis. Je vous raconte à mon retour...

dimanche 29 novembre 2009

La faim d'un pays

La faim d'un pays est le nom d'un documentaire percutant sur la pauvreté infantile au Canada qui sera diffusé sur RDI à Grands Reportages demain lundi le 30 novembre à 20h. A vos TV!

C'est rare qu'un blogueur incite à regarder la télé, surtout un blogueur spécialisé dans le 2.0, et je crois d'ailleurs que c'est la première fois que je le fais sur la Fontaine de Pierres.

Mais cette fois c'est spécial: le sujet me touche de prés puisqu'il concerne les centres d'intérêt de mon blogue (et de son lectorat), que j'ai moi même des enfants, et qu'en plus le réalisateur est un ami. J'ai rencontré Mark et son équipe de Balestra lors d'un mandat pour eux.
Quand on a la chance de mêler nos compétences professionnelles avec nos passions et nos préoccupations sociales, le mandat prend soudainement une ampleur spéciale. Je suis heureux aujourd'hui de pouvoir mentionner le travail de Mark et la diffusion de son documentaire sur les ondes de RDI

L’année 2009 marque le vingtième anniversaire d’une résolution votée dans l’enthousiasme et à l’unanimité par les parlementaires canadiens. Cette résolution avait comme libellé la phrase suivante : « Le gouvernement du Canada s’engage à éradiquer la pauvreté infantile au pays avant l’an 2000. »

Le réalisateur Mark Chatel a voulu savoir où en était cette lutte 20 ans plus tard. Le constat qu’il fait est accablant : 700 000 enfants continuent à vivre dans la pauvreté et, ce, dans l’indifférence générale. Et 40% des enfants pauvres ont un parent qui travaille à temps plein. Comment un tel échec est-il possible dans un pays comme le nôtre, supposément riche et prospère?

Pour trouver une réponse à cette question, Mark Chatel a parcouru le pays d’Ouest en Est. Il a rencontré des parents, enseignants, intervenants sociaux, politiciens et, bien sûr, des enfants qui côtoient et subissent quotidiennement les affres de la pauvreté. Ed Broadbent, Daniel Germain et le docteur Gilles Julien sont notamment interviewés.

Le réalisateur a également voulu voir comment, en tant que citoyens d’un pays comme le Canada, nous pouvions faire notre part pour mettre fin à l’une des réalités les plus troublantes de notre pays. Certains constats sont bien sûr décourageants tandis que d’autres permettent de croire que la solution pour mettre fin à la pauvreté des enfants est peut-être bien moins complexe que l’on se l’imagine…

Un documentaire que je vous engage à regarder.

vendredi 27 novembre 2009

Aidvertising: Le shockvertising, on y retourne!



Aidvertising, c'est ma section du vendredi où je souligne une campagne sociétale, ou une action de philanthropie 2.0 dont la cause ou la réalisation m'ont paru digne de mention.

Cette semaine, je l'ai vu passer sur plusieurs blogues, je l'ai recue deux fois en liens directement par mail via des amis, et pour une fois, je dois dire que j'ai aimé. Il s'agit de la campagne de shockvertising pour Plane Stupid, une ONG britannique luttant contre les émissions de carbones produites par les avions. Le message: un voyage en avion, c'est en moyenne 400 Kg de CO2... par passager, soit le poids d'un ours polaire.

Voir pleuvoir des ours polaires, ce n'est pas tous les jours. Les voir éclater plein de sang sur le rebord d'un immeuble, sur un trottoir, ou sur du mobilier urbain, ce sont des images pour le moins inattendues. On est en plein shockvertising donc.

Réalisation léchée. Trés beau, trés divertissant, et drole pour ceux qui ont le sens de l'humour macabre ou troisième degré (je fais partie de ceux là, j'ai beaucoup ri!).

Mais comme toujours quand je parle de shockvertising, je pose la question: est-ce vraiment efficace? Va-t-on sur le site? Qui se souvient du nom de l'annonceur? Qui donne? Et combien? L'annonceur aurait-il fait la même pub s'il avait payé son message publicitaire? Le shockvertising, ce ne serait pas un syndrome du travail pro-bono des agences?

J'aime le message, mais il ne change rien. Quand on veut changer le monde (c'est l'ambition de toutes les ONG), et qu'on se lance dans une campagne de changement comportemental, on s'efforce de faire plus que de choquer: on donne des outils, on fait réfléchir, on incite à poser un certain geste, à créer une habitude, mais on ne se content pas de pointer du doigt...

Je n'aime décidément toujours pas le shockvertising... mais quelque chose me dit que j'aurais encore l'occasion d'en parler.

jeudi 26 novembre 2009

Le prix Nobel de la paix à internet?



C'est le Magazine Wired italien qui a lancé cette initiative étrange que de proposer que le prix Nobel 2010 soit offert à internet. Quelle drole d'idée non? Pour ceux qui ont des lacunes en italien, wired a repris le texte en anglais ici.

Ils ont lancé un manifeste sur youtube qui énumère toutes les bonnes raisons de cette proposition, et bien sur le portrait ne serait pas complet sans un site web digne de ce nom. Le site internetforpeace.org réponds donc à ce besoin.

Des célébrités ont déjà cautionné l'initiative, telles que la déjà prix Nobel (en 2003) Shirin Ebadi, ou encore Georgio Armani.

Alors bonne ou mauvaise idée ce Nobel à l'internet?

En ce qui me concerne, bien que J'ADORE internet, (et que j'en vive), je le considère toutefois comme un outil. Un outil formidable certes mais un simple outil quand même. Or la finalité de l'outil dépends toujours de celui qui l'utilise.

Oui bien sur internet permet le rapprochement des peuples, il incarne la liberté d'expression, il facilite la diffusion des informations (pensons au récent role de Twitter en Iran), la coopération scientifique, ou les levées de fonds...La liste des bienfaits d'internet pourrait durer tout un long billet. Mais il permet aussi, entre les mains de personnes malintentionnées, d'organiser des attentats terroristes, de coordonner des opérations de malfaiteurs, de gérer des réseaux de prostitution juvénile, et la liste pourrait également se poursuivre sur des pages et des pages...

Le 10 Novembre dernier, un certain monsieur kalachnikov a fété ses 90 ans, et fut nommé à cette occasion "Héro de la Russie" par le président russe Medvedev, pour avoir inventé le plus célèbre fusil mitrailleur du monde l'AK47. Ce fusil est le symbole des guerilleros et autres libertadors. Combien de pays a-t-il servi à libérer? Et combien de soldats sont morts sous ses balles? Quelqu'un a déjà eu l'idée de nommer la mitraillette comme prix Nobel? Ou Monsieur Kalachnikov? Non bien sur.

J'ai un peu la même impression avec la nomination d'internet. Loin d'être aussi meurtrier que la Kalachnikov, il demeure un outil au service de qui l'emploie, que ce soit pour une cause philanthropique ou meutrière...

J'irai même encore plus loin, j'ai l'impression qu'internet a déjà eu son prix Nobel, cette année avec l'attribution du Prix à Barack Obama. Il a été nominé un mois aprés son éléction. Ce n'est donc pas son oeuvre encore inexistante qui a été reconnue, mais bien plutôt l'espoir que son arrivée a pu susciter, et avec son arrivée au pouvoir, sa méthode de rassemblement autur d'une cause grâce à son outil privilégié: internet. En donnant le prix Nobel à Barack Obama cette année, internet a déjà été reconnu par l'académie Nobel. Inutile donc d'y retourner l'an prochain.

Je préfèrerai un mouvement, un organisme particulièrement actif, ou une personnalité dont les actes plus que les intentions soient reconnues. A féliciter les intentions ou les espoirs plutôt que les actes concrets, on en vient à récompenser un ancien président d'organisation internationalement reconnue comme terroriste, et responsable de nombreux attentats comme ce fut le cas avec Yasser Arafat en 1993.

Si on voulait conserver la crédibilité du Nobel et la lier au web, on pourrait nommer, comme le suggère Francis Pisani, une organisation qui dans son travail en faveur de la paix, a le mieux (ou le plus) utilisé internet. Ca, ce serait moderne et innovant sans être inutile...

Le débat est ouvert: on donne le prix Nobel à internet, ou à celui qui l'utilise le mieux pour sa cause?

jeudi 19 novembre 2009

Ma conférence webeducation sur le web en temps réél

Aujourd'hui je donnais une conférence-formation sur le web en temps réel à des responsables gouvernementaux: webmestres, responsables et agents des communications dans le cadre des formations webeducation.

Mon défi: couvrir les implications philosophico-politico-sociales du web en temps réél... (rien de moins) en 40 minutes. On pouvait suivre la conférence sur le fil twitter #webeduc, et ceux qui veulent savoir ce qui s'y est dit peuvent encore s'y référer. Il semble que ce webeducation fut un bon cru, en frande partie grace à l'organisation sans faille de Simon Bédard, stratège web, et de ses autres invités conférenciers que furent Luc Vaillancourt, Carl-Frédéric De Celles et Sébastien Provencher, avec le soutien et l'animation de Thierry Goulet.

Puisque je suis trés impliqué dans différentes opérations gouvernementales dans le cadre de mes mandats avec l'agence Brad, je me suis efforcé de donner autant d'exemples que possibles couvrant les secteurs publics et parapublics.

Voici le powerpoint de ma présentation. Bien sur c'est plus intéressant en live (!) mais ca devrait tout de même donner une (petite) idée. Par contre je ne m'explique pas pourquoi la typo a été transformée, et les animations flash supprimées par le transfert sur Slideshare. Du coup c'est trés moche, ce n'était pas comme ca en vrai, je vous assure...

mercredi 18 novembre 2009

Rapport sur l'état de la philanthropie d'entreprise en 2008

Le nouveau rapport 2009 "Giving in numbers" vient de sortir.
Il fait état du don par des entreprises privées en se basant sur l'analyse des donations de 137 compagnies dont 55 parmi le Fortune 100 réalisées en 2008.

Le rapport signale que
  • 53% des 102 plus grandes compagnies sondées ont déclaré une hausse de leur don malgré une économie en récession, les autres ont moins donné.
  • 27% ont même augmenté leur don de plus de 10%
  • Les augmentations de dons ont surtout été faites en biens et services plus qu'en espèce sonnante et trébuchante
  • Les entreprises du Fortune 100 donnent en moyenne 18% de leur don à des organismes internationaux, contre 11% pour les non F-100
  • 86% des compagnies sondées ont leur propre fondation
  • L'étude constate que le don s'érode continuellement depuis plusieurs années, passant de 10,7 milliards de dollars en 2006 à $10,3 milliards en 2008.


  • Bien que les chiffres de 2009 ne fassent pas partie de l'étude, 56% des CEO interrogés ont déclarés vouloir concentrer leur don sur une cause reliée à leur stratégie d'affaires pour les années à venir.
L'étude complète est téléchargeable ici, gratuitement (mais il faut s'enregistrer).

La tendance semble d'ores et déjà se maintenir pour 2009. En effet selon une étude de LGB research, citée par USA Today et basée sur un sondage parmi 76 entreprises, la philanthropie d'entreprise devrait diminuer d'encore 2% à 5% par rapport à 2008.

Malheureusement, c'est quand les besoins sont les plus criants que les dons diminuent...

mercredi 11 novembre 2009

Je serai conférencier sur le web en temps réél à Québec

Tous les mois, le gouvernement du Québec organise une journée webéducation au cours de laquelle des conférences sont données par différents experts sur un thème commun. Le 19 novembre prochain, la journée webéducation aura pour thème le web en temps réél, l'un des sujets chauds du moment sur le web.

J'ai été invité par Simon Bédard, organisateur de la journée, à parler des implications sociales et philosophiques de cette nouvelle réalité du web. Comment il change nos manières de fonctionner et de penser. Comment il transforme des notions telles que la patience, le travail, la coopération, ou l'information.

J'y donnerai aussi des exemples d'initiatives publiques utilisant le web en temps réél, provenant des pays les plus innovants en matière de ce qu'il est désormais convenu d'appeller le gouvernement 2.0. ou #gov2 sur twitter.

par ailleurs je serai bien entouré puisque les experts suivants seront aussi conférenciers: Luc Vaillancourt, Carl-Frédéric De Celles, Simon Bédard et Sébastien Provencher. A la fin de la journée, un panel nous réunira tous pour échanger et débattre du web en temps réél. Vous trouverez le programme détaillé de la journée ici.

Les journées webéducation sont principalement destinées aux webmestres et responsables des communications des ministères et autres organismes gouvernementaux, mais sont ouvertes à tous, il suffit de s'inscrire ici et c'est gratuit, mais les places sont limitées.

Vous pourrez aussi suivre la conférence sur twitter avec le hashtag suivant: #webeduc

mercredi 4 novembre 2009

Donner aux anes ou aux femmes ?


Je suis récemment tombé sur une statistique étonnante qui m'a fait me poser des questions.
Savez vous que l'organisme britannique Donkey sanctuary récolte plus en levée de fonds que les 3 principaux organismes luttant contre la violence conjugale réunis? Le sanctuaire des anes récolte 20 millions de livres et les organismes contre la violence 17 selon des chiffres de 2006 cités dans cet article du Guardian en Avril 2008.

Les chiffres datent un peu, mais peu importe, le propos est de constater, et de s'interroger, sur de tels écarts. Est-il légitime de donner autant d'argent pour des animaux quand il y a tant d'êtres humains en souffrance? En tant que société, plaçons-nous nos efforts à la bonne place? Devrait-il exister des systèmes pour privilégier tel type de don?

La question n'est jamais posée car la vraie question n'est pas tant de savoir s'il vaut mieux donner aux animaux qu'aux hommes, mais de savoir comment hierarchiser les causes humanitaires et philanthropiques, ce qui est inacceptable.

Poser la question de la hierarchisation des causes est tout simplement impossible en plus d'être déplacé. En effet qui dit hiérarchiser dit aussi jugement de valeur. Devrions-nous calculer le nombre de mort d'une cause avant de nous décider à donner? Non bien sur. Si la souffrance est prise en compte dans le geste du don, les principes le sont tout autant. Même s'il meurt moins de femmes de violence conjugale en Angleterre que de famine en Afrique, la première cause mérite tout autant notre attention et notre soutien que la seconde. Il ne suffit pas d'être deux OSBL pour être comparable.

Par ailleurs ceux qui essaient de hiérarchiser les causes ignorent un principe fondamental de l'économie caritative, c'est la non-transférabilité du don. On ne peut pas demander d'arrêter de donner aux animaux pour donner aux humains, celà ne fonctionne tout simplement pas comme ca. Il n'existe pas de vases communicants entre les causes.

Sans compter que le don aux animaux rejaillit aussi indirectement en bénéfices difficilement calculables sur l'humain. Pour reprendre l'exemple de donkey sanctuary par exemple, ils consacrent une partie de leurs activités aux enfants handicapés, qui créent une relation affective avec les animaux, en vue d'améliorer leur estime de soi et leur développement. L'organisme finance aussi des cliniques vétérinaires pour aider les ânes dans les pays pauvres, ce qui aide autant leurs propriétaires que les bêtes elles-mêmes... Les frontières sont donc très minces entre les causes et leurs bénéfices.

C'est pourquoi on assiste aujourd'hui tout de même à une certaine selection des organismes caritatifs, en concurrence pour leurs opérations de levées de fonds, mais qui se font plus au niveau de leur efficacité. On parle aussi de plus en plus de capitalisme philanthropique, où des financements conséquents sont accordés en fonction du retour sur investissement, des résultats attendus et sur des données telles que le pourcentage affecté à l'administration du don versus celui affecté aux actions de terrain. Nous assistons aussi de plus en plus, du moins de ce coté de l'atlantique, à un mouvement de regroupement (parlerons-nous de fusion?) des organismes caritatifs luttant pour les mêmes causes. Arrêter de travailler en silo est un bon début pour maximiser l'impact du don...

C'est une tendance humaine naturelle que de vouloir hiérarchiser, cataloguer, ou trier, mais dans le domaine du marketing de la cause, c'est tout simplement impossible. Personne n'a le monopole du cœur comme disait quelqu'un... et en l'occurrence personne ne doit l'avoir.