mardi 25 août 2009

Shockvertising contre les SMS au volant - Holy Cow!

Cow, c'est le nom de ce spot de la police de Gwent. Il parle de Cassie COWan, une jeune ado qui fait l'erreur fatale d'écrire un texto en conduisant, et qui entraine 4 longues minutes de souffrance... et 4 personnes au cimetière.

Ce n'est plus un secret pour personne, je ne suis pas un fan du shockvertising, cette vieille technique qui utilise des images à la limite de l'insoutenable pour faire passer un message sociétal. J'ai déjà amplement critiqué cette technique dans la tendance du shockvertising, ou encore le shockvertising est mort. Il faut croire qu'il ne l'est pas partout ni pour tout le monde...


Il existe certes un aspect culturel à ce type de publicité. Les britanniques l'utilisent trés souvent, notamment en termes de sécurité routière, comme c'est ici le cas. Le spot ci-dessous est susceptible d'en choquer plus d'un(e). Ames sensibles s'abstenir... C'est pour ca que je le place tout en bas de la page.

Ce spot, (qui ressemble plus à un court métrage qu'à une pub d'ailleurs), est destiné à être diffusé dans les écoles, lors d'un programme de 30 minutes sur la sécurité routière.

D'un coté, je suis assez convaincu que les jeunes assistant à de tels images éviteront de texter au volant, certes. Mais en même temps, il me semble que le même film pourrait fonctionner aussi contre l'alcool au volant, contre les drogues douces au volant, contre la vitesse au volant,ou pour le port de la ceinture... car finalement l'épisode du texto dure 20 secondes et tout le reste est consacré aux détails de l'accident.

A force de voir toujours les mêmes images d'accidents, de plus en plus pitoyables, larmoyantes (pitié le coup du bébé, c'est vraimment too much!), on finit fatalement par se lasser. On me répondra qu'il est adressé à des jeunes qui ont mons été exposé au phénomène. Je veux bien, mais ils ont tout de même l'age de conduire, ils en ont vu d'autres...

Ce qui m'étonne de la part des britanniques c'est qu'ils continuent encore et toujours d'utiliser cette recette du shockvertising depuis tant d'années. Ca me rappelle cette définition de la folie: "appliquer les mêmes recettes et attendre des résultats différents". Si les images-choc fonctionnaient, il n'y aurait plus d'accident depuis longtemps en Angleterre... La police de Gwent justifie sa campagne ici. Je ne suis pas convaincu. Je préfererai qu'ils me donnent des chiffres... mai je vous laisse juger, voici les images.


vendredi 21 août 2009

L'intelligence émotionelle au service de la philanthropie


Aidvertising, c'est ma section du vendredi où je souligne une campagne sociétale, ou une action de philanthropie 2.0 dont la cause ou la réalisation m'ont paru digne de mention.

Cette semaine, ce n'est pas vraiment une campagne, ni du sociétal, et encore moins du 2.0, mais je prétends que la méthode de pensée et de réflexion qui sous-tend le panneau ci-dessus constitue une vague de fonds que les publicitaires et autres planificateurs stratégiques de mon acabit vont bientôt comprendre et intégrer fréquemment aux communications sociétales. Attendez-vous à voir de plus en plus de campagnes reposant sur l'intelligence émotionnelle.


L'intelligence émotionnelle pourrait se définir par "L’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres." Le concept provient surtout de la psychologie sociale, mais la pub, le marketing et les communications s'en empareront, ce qui me semble aller dans un sens du progrés.


Ci-dessous un autre exemple percutant d'intelligence émotionelle appliquée au controle de la vitesse sur les route: plutôt que de mettre des plots, ou ces annonces tellement vues qu'on ne les apercoit même plus "Attention, sortie d'école" ou encore un couteux gendarme, ou un contraignant dos d'ane, à Leicester en angleterre on a maquillé le mobilier urbain pour faire penser aux écoliers .


http://www.howwedrive.com/wp-content/uploads/2009/08/childbollards.jpg

Pour en savoir plus sur l'intelligence émotionelle, lire le blogue de Daniel Pink où j'ai trouvé la plupart des images de ce billet. Mieux encore, on peut lire son livre comme me l'a conseillé mon ami JM qui m'a mis sur la piste de ce billet.

mardi 18 août 2009

La philanthropie fait son show


Ca m'arrive rarement, mais cette semaine je me suis retrouvé un soir en pleine séance de zapping. Aprés 30 minutes de désert culturel, je suis tombé sur la série américaine The Philanthropist de NBC. J'en avais déjà entendu parler car elle fait l'obejet depuisquelques semaines d'un houleux débat aux US, et je voulais me faire mon opinion

The philanthropist est une série en 8 épisodes qui met en scène un play boy milliardaire qui a créé sa fondation et parcours la planète de mission en mission. Un peu caricatural? Oui certes. Ca ne se passe pas comme ca dans la vraie vie? Assurément. Le héros en profite pour chasser ses démons intérieurs depuis qu'il a perdu un fils en bas age? possible, ca crédibilise le personnage...

Mais le débat qui fait rage aux Etats Unis place d'un coté Steve Ginderson, président du Conseil des Fondations, (une pointure dans le domaine) qui a publié un communiqué critiquant le show. Il y accuse en substance le show d'être trop éloigné de la réalité et d'être à la philanthropie ce que les films de la panthère rose sont aux enquêtes policières. Jeff Trexler, dans son blogue critique aussi The philanthropist pour son aspect néocolonialiste.

L'Hudson Institute a donc réuni les partisans et producteurs du show pour en débattre avec ses contradicteurs.


D'un autre coté, les partisans du show, dont l'ambassadeur est le blogueur émérite Sean Stannard Stockton, pensent que le non réalisme ne nuit pas à la philanthropie, au contraire. sa théorie, et je la partage, c'est que le show est attirant, il donne une image plus que positive (bien que fausse) de la philanthropie. Mais peu importe le réalisme, ce qui compte, c'est que de plus en plus de monde, et surtout des jeunes soient tentés de choisir la philanthropie dans leur orientation de carrière. Si la philanthropie devient mainstream grace à une télésérie, peu importe que l'image soit trop hollywoodienne, si elle créé des vocations.

Il n'y a jamais eu autant de candidats aux études médico-légales que depuis que la série CSI - les Experts fait un tabac sur les ondes. On constate la même influence avec "So you think you can danse" et l'engouement pour les cours de danse...

Alors si The Philanthropist peut amener plus de monde à s'orienter vers la philanthropie, moi je dis vive la série! La philanthropie se professionalise et c'est tant mieux, qu'un show en soit un ambassadeur, même un peu mensonger, c'est un bon point... ceux qui voudront vraiment se lancer et en faire carrière ne s'arréteront pas à ces images superficielles. je vois plus la série comme un élément déclencheur que comme un réél ambassaeur ceci dit.

Pour ceux qui voudraient se faire une opinion, voici la bande annonce de la série, qui donne un trés bon apercu du contenu et du ton... alors, vous êtes pour ou contre?


mardi 11 août 2009

Jacqueline Novogratz et son "Blue sweater"


Le livre de Jacqueline Novogratz, "The blue sweater - Bridging the gap between rich and poor in an interconnected world" m'a accompagné pendant mes vacances.

Si vous êtes du genre à vouloir désacraliser le monde de l'humanitaire, en décrivant certes ses aspects les plus positifs, mais aussi son cruel manque de moyen, d'efficacité parfois et souvent d'incompréhension mutuelle souvent, cette lecture vous comblera.

Jacqueline Novogratz est aujourd'hui connue pour être la présidente-fondatrice haute en couleur d'Acumen Funds, et une ambassadrice de la micro-finance, mais auparavant, elle a œuvré pour l'UNICEF en Afrique, ou encore pour la Fondation Rockefeller, mais ses premières classes, elle les a faite à la Chase Manhattan bank. Elle provient donc du milieu de la haute finance, et ce sont ses grands principes qu'elle applique à la philanthropie, avec des succès mesurables, quantifiables, et surtout très prometteurs. Elle fait donc partie de cette mouvance de plus en plus populaire que les observateurs qualifient de "philanthrocapitalisme".

Elle raconte dans son livre l'histoire de sa carrière dans le monde des ONG, sa passion pour l'Afrique, et notamment les différentes époques qu'elle a connu du Rwanda, avant et aprés le génocide.

The Blue sweater se lit comme un roman, et malgré le nombre incalculable d'embuches sur le chemin du développement et de la lutte contre la pauvreté dans le monde, on termine sur une note positive, car sur une durée de 20 ans, les résultats sont encourageants, les progrès sont notables, et même si les projets ne sont pas tous des succés, la foi dans la richesse de l'humain est toujours la plus forte.
D'ailleurs elle nous apprends à ne plus penser l'humanitaire en termes de projets, mais beaucoup plus dans une dynamique d'émancipation et d'autonomie. Son Fond Acumen a d'ailleurs pour mission d'investir dans des initiatives rentables à moyen terme, dans une perspective d'auto-suffisance et de développement durable, non dans le sens écologique du terme, mais économique: à long terme. on pourrait résumer sa pensée (mais pas son livre) par ce proverbe chinois qui dit: "Si un pauvre te demande à manger, apprends lui à pécher".

J'ai adoré son livre, sa façon de voir le monde, et ca m'a donné encore plus envie de m'impliquer. Mais comme elle est bien meilleure que moi pour raconter des histoires, je lui laisse la parole: elle était à la conférence TED en Février dernier. Cet extrait ou elle raconte l'histoire de Jane ressemble beaucoup à tous les autres témoignages de son livre. Si vous aimez cet extrait, vous aimerez son livre.