mercredi 16 juin 2010

2 légendes, 8 buts, 1 fail!




J'hésite entre me réjouir du fait que les Nations Unies utilisent la vitrine de la Coupe du Monde de foot pour véhiculer leur message sur les 8 objectifs du millénaire, et m'apitoyer sur la mièvrerie du message et son économie exagérée de moyens.

Franchement, mesdames et messieurs les pontes de l'ONU, à quoi vous pensiez en faisant cette mini-campagne? La coupe du monde, au cas où vous ne l'aurez pas remarqué, c'est le royaume du bling-bling, du spectacle, des spots à effets spéciaux de plusieurs millions de dollars... Je veux bien qu'on veuille faire la différence avec les vendeurs de chaussures, mais il y a des limites à jouer la carte du contraste, qu'est-ce que c'est que cette pub minable? Des mégastars du foot en noir et blanc... qui ne jouent même pas au foot? Ils se font des passes à la main? Et puis ils se sont inspirés de Droopy ou quoi? "You know what? I'm happpy" Quelles faces d'enterrement, ils ne m'incitent pas trop à me bouger pour la cause, sans compter leur musique cheezy...

Je suis désolé, mais quand je vois que les spectateurs sont bombardés des pubs magnifiques comme le Write the future de Nike ou le star wars cantina d'Adidas, comment voulez-vous qu'ils se sentent interpellés par les objectifs du millénaire ainsi présentés? S'il y avait une occasion de mettre les grands moyens avec une vraie audience, on vient de la perdre. Si c'est pour me montrer ca, je préfère encore regarder le foot (et pourtant les matchs sont souvent pitoyables...)

C'est quand même malheureux ce réflexe misérabiliste de l'humanitaire. A force de vouloir concentrer l'argent sur l'action plus que sur la communication, on finit par connaitre l'effet inverse de celui désiré: démotiver son audience.

La vraie question est de savoir si on croit en la communication (ou en la sensibilisation). Si la réponse est oui, et que les efforts communicationnels s'intègrent dans une stratégie globale, alors on ne devrait pas avoir honte de se donner les moyens de bien faire. Ce qui me désole le plus c'est qu'on ne se donne pas les moyens de bien faire, mais on se donnera toujours les moyens de refaire. Pourtant, s'il y a bien un domaine ou il est nécessaire de se donner les moyens de bien faire du premier coup, c'est bien celui de l'humanitaire et de la philanthropie...

Alor oui, bravo d'avoir invité des stars du ballon rond à venir parler de vrais problèmes pendant la coupe du monde, mais quel malheur de ne pas avoir investi un peu plus en production...

3 commentaires:

Johanne a dit…

Que dire d'autre sinon que "je seconde"... Pour moi qui croit au pouvoir de l'information et de la communication, le "bling-bling" est tout-à-fait défendable dans ce cas-ci. Cette pub du PNUD n'aura jamais l'effet viral de la superbe pub de Nike, que j'ai d'ailleurs vu passer plusieurs fois déjà dans les médias sociaux... J'ajouterais tout de même que, dans le monde du développement international et de l'humanitaire, c'est toujours un peu difficile de défendre du "bling-bling", parce que, bon, y aura toujours quelqu'un pour dire "Bin l'argent utilisé pour faire cette pub aurait pu l'être pour construire une école ou un puit"... Et du moment où ce "quelqu'un" est un donateur, bin on devient encore plus prudent...

Sacha Declomesnil a dit…

Merci de seconder Johanne. Je ne m'attends pas non plus à ce que l'humanitaire devienne complètement bling-bling. Je ne le souhaite pas non plus... mais j'imagine qu'un juste milieu saurait contenter tout le monde...

Anonyme a dit…

Salut !

Aux propos de Johanne (que j'appuie!), j'ajouterais que, outre les résistances à utiliser l'argent pour faire de la publicité, il y a surtout le fait que le budget de plusieurs ONG provient en majeure partie du gouvernement. Ceci limite leur capacité de dépenser pour communiquer : les subventions doivent servir aux projets et non à faire la promotion de l'organisme, ce qui est tout à fait compréhensible.

La solution réside dans l'augmentation des dons non liés (venant des individus), mais pour rejoindre le public, ça prend un budget. L'oeuf ou la poule ?

D'autre part, comme dit Johanne, il y aura toujours des gens qui souhaite que 100 % de l'argent aille sur le terrain et que 100 % des employés soient bénévoles ;-)

Merci Sacha de lancer des pierres ainsi dans l'eau de la philanthropie 2.0. Les ondes se propagent et facilitent le changement.

Marisa