jeudi 20 janvier 2011

La fin des 140 caractères de gloire?



Avez-vous comme moi observé un changement de tendance dans la longueur des contenus que nous consommons sur le web? Depuis quelques années, les contenus ont vécu une tendance à la baisse: les vidéos sont devenues plus courtes, les podcasts se sont uniformisés à 45 minutes max, les textes des billets se sont amenuisés quand ils n'ont pas carrément été remplacés par des tweets de 140 caractères maximum.



On a expliqué que Twitter avait diminué le temps passé à bloquer. On a dit que 140 caractères c'est suffisant. On a (dé)montré que le succès des Tumblr et des Posterous était le signe incontestable que l'internaute avait besoin de contenus plus courts.

Lorsque de grands blogueurs ont abandonné la blogosphère pour twitter ou la newsletter, on a encore crié à la mort du blogue, thème récurrent depuis des années dans la blogosphère.


On a tellement eu de blogueurs qui se sont spécialisés dans certains domaines, et tellement d'agrégateurs de blogs et de thématiques que nous en arrivons depuis quelques mois à privilégier ces fameux "Curators" de contenus (dont je parlais ici cette semaine), qui vont filtrer pour nous le meilleur du web.


Ceci dit, il me semble au contraire que tous les éléments sont aujourd'hui présents pour un retour aux contenus longs. Je regarde d'abord l'Ipad, qui est une formidable plateforme de consultation de contenus plus longs, écrits ou vidéos. Je lis des ebooks, loue des films, stocke des documents en pdf avec des applications comme goodreader. Et que dire du succés phénoménal d'Instapaper qui permet de conserver de longs contenus de pages web pour les lire plus tard, dans leur intégralité, même offline. Pour ceux qui comme moi lisent dans le métro, instatpaper est devenu aussi utile que Byline (qui me permet de lire mes fils RSS offline) Avez-vous entendu parler de readability? Une application qui permet de rendre le contenu d'une page web plus facile à lire en le débarrassant du superflu. Cette application a été intégrée à Safari. Pour moi c'est un signe des temps qui ne trompe pas: on veut pouvoir consommer des contenus longs, quitte à y passer plus de temps. D'ailleurs c'est ce qui me plait sur twitter: l'échange d'URL qui me renvoient vers plus de lecture encore.


Saviez-vous que ces contenus longs, les longread en anglais ont même leur compte twitter @longread et leur hashtag #longread trés populaire? ILs ont même créé un site que j'adore longread.com qui a cette particularité unique (à ma connaissance) de classer les articles interessants en fonction de leur durée. On sait que ca va prendre au moins 16 minutes à lire.


Même Quora, qui fait tant jaser les geeks, et qui me spamme plus souvent qu'autrement, a cet avantage sur twitter de pouvoir répondre sans limitation, et d'agglomérer les réponses à une question.


Je ne prédis pas le retour des blogues, pour moi, ils ont toujours été majeurs, même s'ils sont passés de mode car on cherche se positionner sur la dernière nouveauté dont tout le monde va parler demain. Mais mon point c'est que quelle que soit l'industrie dans laquelle vous évoluez, et ceci inclut la philanthropie, une portion de plus en plus grande des internautes va chercher à comprendre, va fouiller et donc demander du contenu long, des analyses poussées et approfondies de leur domaine de prédilection.



Tiens je vous cite le status d'aujourd'hui de @Loic Le meur: " Dear blog, I missed you. You're taking time to maintain but bring so much value in a social networkking world. You force me to think again"


Stop and think. Ce pourrait être le nouveau mantra du web. Ce sera du moins le mien...

lundi 17 janvier 2011

Curation Nation, vous allez en entendre parler



Que vous travailliez dans le domaine des médias traditionnels ou des médias sociaux, ou ce qui est plus rare, comme moi, dans les deux à la fois, vous êtes déjà exposé au phénomène des "curators".

Il reste encore à trouver un équivalent en francais au terme "Curator". Ce que je peux tout de suite vous dire c'est que ce terme va devenir de plus en plus fréquent dans vos lectures. L'un des responsables de l'explosion de cette tendance est Steven Rosembaum, et son livre à venir "Curation Nation"

Certains des penseurs les plus influents du web issus la Silicon valley ont déjà lu le livre, et en ont déjà fait l'apologie. Le site du livre Curation Nation (et oui, même les livres ont leur site web désormais), se fait même le messager de ces critiques unanimement positives et qui semblent annoncer un nouvelle tendance, ou du moins le prochain buzzword. Le phénomène n'est pas nouveau, ceux qui sont sur Tumblr par exemple sont des Curators depuis des années.


Le Curator, historiquement, était le conservateur du musée. C'était lui qui décidait d'acquérir telle ou telle oeuvre, de la montrer ou pas, de lui donner plus ou moins de place dans son musée. Transposée au monde du web, cette notion de Curator implique que l'agrégation de contenu de qualité devient aussi importante, si ce n'est plus importante, que la création de contenu en tant que tel. Les individus, comme les organisations, mettent de l'avant leur propre valeur en fonction de la qualité du contenu non pas qu'ils créent, mais qu'ils diffusent.

Dans une certains mesure, twitter fonctionne un peu sur ce principe. La plupart du monde diffuse du contenu, des références, des URL, qui proviennent d'autres sources. Twitter est devenu mon filtre social. En regardant la timeline, je sais que les liens proposés par certaines personnes seront toujours interessants. Ceux qui poussent du contenu systématiquement inintéressant ne font pas long feu dans ma timeline je dois dire... Tous ceux qui sont sur twitter sont donc mes filtres sociaux, mes curators d'information. L'intérêt c'est que je n'ai plus besoin de lire le journal pour être informé: l'information pertinente pour moi va me trouver elle même.

Il me semble que les grands médias de ce monde gagneraient en instaurant des applications pour personnaliser leur contenu, et se transformer en curators. L'avantage c'est qu'en proposant de tels outils, ils offriraient aux individus le loisir de devenir leurs propres rédacteurs en chef de leurs journaux sur le web. D'ailleurs s'ils ne le font pas eux-mêmes d'autres le feront à leur place pour créer des plateformes de curation. Saviez-vous par exemple qu'il est désormais impossible de faire une application iphone pour une radio? Si par contre vous proposez une application pour plusieurs radios, ou pour découper des contenus issus de plusieurs stations, là l'Apple App store vous est encore ouvert. Saviez-vous aussi que Wordpress a développé son plug-in de curation?

Je parierai assez cher que l'application de Murdoch pour le iPad, qui devait sortir cette semaine mais qui a été repoussé, sera une première étape dans les plateformes de Curation. Si j'étais un grand groupe de presse, je créerait une application permettant de m'abonner à certains articles de certains de mes magazines, à la carte. Et si tous les grands groupes s'accordaient pour que je passe par une seule application, je disposerai d'un magasine qui m'enverrait des articles de Geo, du National Geographic, du Huffington Post, de la Gazette, et du Times directement sur mon iPad. oui je sias je rève en couleur mais qui sait... Flipboard est un premier pas, sauf qu'il m'envoie tout le contenu de certains magasines seulement.

En attendant j'observe aussi que pour les simples internautes, ou pour certaines organisations, des outils de curation se développent et deviennent de plus en plus populaires.
Si vous êtes une ONG par exemple, vous pourriez utiliser l'un de ces nouveaux outils qui vous permettent de filtrer ce que vous lisez, de l'agglomérer et de le partager. En voici une liste non exhaustive... dont la longueur montre bien que la tendance est lourde.



mercredi 5 janvier 2011

Le pouvoir du viral pour aider un sans-abri

Il semble que cette vidéo soit le premier "viralo-buzz" de 2011. C'est une belle histoire à l'américaine. Un bon gars, animateur radio à Columbus, Ohio, qui est tombé dans la spirale infernale de la pauvreté: chomage, drogue, rue et misère quotidienne. Il fait la manche à un carrefour. Il tient un écriteau mentionnant sa voix incroyable, son don de dieu. Contre une pièce il fait son show. Il s'appelle Ted Williams. Aujourd'hui il est la nouvelle star de youtube, avec prés de 8 million de vues, et certains le comparent déjà à Susan Boyle, c'est tout dire.




Depuis que le vidéo est parti, Ted William est passé de nobody que les gens ignoraient sur le bord de la route, à phénomène des médias sociaux, au point que les offres de travail pleuvent tellement qu'il a l'embarras du choix. Parceque sa voix est effectivement incroyable. Une histoire vraiment américaine, avec une happy ending en prime.

Je me demande si ce qui m'interesse le plus dans cette histoire c'est le pouvoir des médias de soudainement parvenir à identifier une histoire qui va sensibiliser les foules, ou si c'est l'illustration pour le monde de la philanthropie qu'une belle histoire, bien racontée, trouvera toujours son auditoire. Je ne serai pas étonné que Ted Williams se fasse récupérer avant longtemps par un organisme aidant les sans-abris pour qu'il témoigne ne leur nom de son expérience et combien ces gens formidables l'ont aidé...

A moins que ce qui m'ait le plus plus plu, c'est cette définition que Ted Williams donne de la radio: "Theatre of mind". C'est tellement ca. ll se trouve que j'adore la radio, et que j'ai en plus la chance de travailler actuellement pour une radio publique (en fait LA radio publique du Canada), et cette définition est tellement bonne que je l'adopte instantanément.

MAJ: Il faut donner crédit au site Reddit pour avoir lancé cette nouvelle, et organisé sa "viralisation". Tout est parti de grace à Reddit. C'est Reddit aussi qui m'apprend que Ted Williams, en plus d'obtenir un emploi aux Cavaliers de Cleveland se voit offrir par l'équipe une maison gratuite.

MAJ 2: POur une happy ending à l'américaine, et voir le nouveau visage de Ted Williams, voir cette vidéo de MSNBC qui récapitule toute l'histoire.
Merci à Gen, JM et Josh pour les infos

mardi 4 janvier 2011

Je n'ai pas de résolutions pour 2011... et ne compte pas en avoir

Pour mon premier billet de l'année, je voudrais vous faire une confession. J'ai toujours eu la désagréable impression que les résolutions de nouvelle année n'étaient que des "to do list" qui ne duraient guère plus longtemps que le mois de janvier. Or, je n'aime ni les résolutions de nouvelle année ni les to do list. Voilà c'est dit.

Maintenant, ce qui me gène avec ces résolutions, c'est d'une part qu'elles changent tous les ans, comme si une année était un cycle magique d'accomplissements personnels, et d'autre part qu'elle nous emprisonnent dés le premier jour de l'année dans un carcan de contrainte (et souvent de mauvaise conscience quand on ne respecte pas nos résolutions).

Alors j'ai réglé le problème. Fini les résolutions! Je n'accepte que les résolutions sur 10 ans, ou celle de l'instant présent. Moi j'ai choisi les secondes, celles qui me permettent à chaque instant de me dire: oui, ca me tente, ou non, ca je ne le fais pas. Ca ne veut pas dire que je ne fais pas de projets à long terme (je sais déjà où je serai pour Noel 2011!!) mais ca n'est pas une résolution.

Le gros avantage de ce système, c'est qu'il me donne le droit de changer d'avis sans sommation. Par exemple je décide qu'à partir d'aujourd'hui, je vais doubler ma cadence de lecture et lire non plus un seul livre par semaine mais deux. Si au bout de deux mois je vois que c'est trop contraignant, je change d'avis et décide de revenir à un seul. Ca n'engage que moi. Je ne bassine personne avec mes résolutions et surtout je ne me plains pas que je ne les aies pas tenues, et entre temps j'aurais lu 8 livres de plus...

Ce que j'ai compris depuis que j'ai perdu des êtres chers, c'est que rien ne compte plus que les émotions du moment présent. Si vous savez vivre votre quotidien, vous n'aurez pas besoin de résolutions l'an prochain. Alors moi, ma résolution de début d'année ne change jamais: c'est de vivre aujourd'hui comme si cette année était la dernière.