mardi 11 novembre 2008

Obamania ou Obamadness? Retour sur le cas d'école des éléctions américaines

Une semaine après les élections américaines, je voudrais revenir sur le phénomène Obama. Je ne pense pas que tout ait été dit, même si 700 journaux ont fait leur une avec cette nouvelle, je crois au contraire que nous n'en sommes qu'au début d'une longue histoire, celle de la politique 2.0, des campagnes 2.0 et des élections 2.0. Je crois même que notre façon de faire et de vivre la politique va radicalement changer.

On a beaucoup disserté sur les élections 2.0, et la force des réseaux sociaux utilisée par l'équipe Obama. On se souvient que parmi les membres de l'équipe en charge des activités internet, nous trouvons un petit jeune de 24 ans qui s'appelle Chris Hughes et qui est le co-fondateur de facebook. Le Nouvel Obs le qualifiait d'arme secrête d'Obama dés les mois d'Avril dernier dans cet article. Il a rejoint les rangs de l'équipe de campagne du Sénateur Obama dés Mars 2007. Il a commencé son oeuvre de politique 2.0 par la création d'un réseau social pour son candidat: mybarackobama.com. Ce réseau aurait à l'heure ou j'écris plus d'un million de membres. Voilà qui augure bien pour la politique 2.0.Moi qui ai passé mes années étudiantes sur des bancs d'amphithéatre en sciences politiques, l'actualité politique américaine constitue du petit lait... à consommer sans modération. Et l'influence sur la philanthropie n'est que trop évident pour que je passe ces éléctions sous silence...

Un peu moins connue que le réseau social de Barack Obama, serait une autre initiative apellée Flusher program, ou encore le projet houdini. Ce programme informatique aurait permis d'identifier en temps réel les personnes ayant déjà voté et d'en informer les équipes de bénévoles afin qu'ils consacrent leur temps et leur énergie à des personnes encore influençables (et dont le vote était encore libre) pour les convaincre de se rendre au bureau de vote.

Certains ont suivi les élections grâce à d'autres outils inconnus lors des élections précédentes. Moi en l'occurrence je zappais entre plusieurs postes de télé internationaux (France, Canada et US) tout en vérifiant les sites des grands médias, et avec une fenêtre constamment ouverte sur Twitter elections, et une autre sur votereport comme je l'expliquais dans ce post la semaine dernière.

Pour ceux qui chercheraient des leçons à tirer de l'expérience Obama, je les renvoie à la toujours excellente Harvard Business Publishing et à leur analyse sur les 7 lecons aux grands innovateurs. Par ailleurs, je constate que même les Républicains ont déjà compris la leçon de politique 2-0 et lancent eux aussi un site: rebuildtheparty.com aux objectifs ambitieux: faire d'internet la priorité des 4 prochaines années, avoir 5 millions de républicains activistes online, retourner sur le terrain, séduire (eux aussi) les jeunes, rajeunir le parti avec 40% de candidats de moins de 40 ans... bref, une réelle refonte de l'opposition.

Plus intéressant encore serait de se pencher et de s'interroger sur les suites de cette élection américaine. Que les partis politiques et les leaders de la pluaprt des pays occidentaux trouvent dans ses nouvelles techniques de quoi les inspirer pour leurs prochaines campagnes éléctorales, celà ne fait aucun doute. Certains essaieront plus vite que d'autres...

Mais il me semble que la question se pose plutôt de savoir comment Obama va-t-il gérer la suite avec ses outils web. Il a créé une communauté d'un million de membres de son réseau, et parle régulièrement à plus de 3 millions par emails (dont certains comme moi sont à l'étranger et ne votent donc pas) mais le plus dur reste à venir: il y a plus de 350 millions d'habitants aux États Unis, il en reste beaucoup à convaincre. Il y a donc fort à parier qu'il poursuive ses efforts, ne serait-ce que pour sa réélection dans 4 ans.

Par ailleurs, un million d'ambassadeurs sur le terrain, c'est déjà une belle force de frappe. On peu imaginer qu'il sera tenté de faire appel à son réseau pour exprimer ses opinions,surtout lors de certains débats de société. Combien de fois pourra-t-il faire appel aux membres de son réseau sans soulever la colère des médias et des jaloux? Saura-t-il utiliser ces membres de manière plus discrète, leur demandant d'agir de manière plus locale selon les enjeux? Quelques volontaires pourraient être envoyés en mission pour téléphoner à un bureau d'élu, ou organiser un mouvement devant ses bureaux...

Il nous a déjà prouvé qu'il était prévoyant puisqu'il a déjà lancé un site en ".gov" qui était déjà tout prêt à être mis en ligne: www.change.gov le site du président élu.

Et le changement de faire s'effectue aussi de l'autre coté de la barrière: si Obama a utilisé le web pour parler au monde, maintenant c'est le monde qui compte utiliser le web pour parler à Obama. Les activistes sociaux l'ont déjà trés bien compris. En une semaine j'ai déjà recu une pétition d'Avaaz pour1 million de signatures à obama, et une autre d'Amnesty international sur les actions à prendre dans ses 100 premiers jours de son mandat. Le monde se mobilise déjà auprés de lui en utilisant son propre langage.

D'autres sites plus généralistes tels que whitehouse 2.0 ou encore bigdialog.org correspondent à des plateformes tendant à peser sur l'agenda politique. Il faudra surveiller de prés l'activité (ou la survie) de ces sites et la comparer avec les décisions effectivement prises par l'adminitration Obama (un terme que j'écris pour la première fois, mais que nous reverrons souvent au cours des 4 ou 8 prochaines années).
Quand on voit que des organismes tels que le ecitizen foundation, ou encore le MIT ecitizen architecture program soutiennent et sont à l'origne de tels programmes, il y a fort à parier qu'il ne s'agit pas d'une mode passagère mais bien d'une tendance lourde.

A n'en pas douter, nous allons encore parler longtemps de politique 2.0, de campagnes 2.0 et d'élections 2.0... et en ce qui me concerne, c'est tant mieux!!

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