"Le pape n'a pas erré, mais les journalistes oui". C'est du moins ce que soutient Mgr Louis Dicaire, evêque auxiliaire au diocèse de St-Jean-Longueuil, choisi par l'assemblée des évêques du Québec pour commenter la dernière controverse du Pape lors de son premier voyage officiel en Afrique. Il affirme que le Pape a bien fait "de rappeler que le condom n'est effectivement pas une mesure sécuritaire à 100%". Il ajoute que ce sont les journalistes qui ont erré "en le citant hors contexte."
Alors parlons un peu de contexte justement. le SIDA, selon le dernier rapport d'ONUSIDA c'est 33 millions de personnes touchées dans le monde. Pour vous donner une petite idée, c'est l'équivalent de toute la population du Canada. Tous les jours 6500 nouveaux cas sont détectés, et 5600 personnes en meurent. Je répète: tous les jours!
Sur ces 33 millions de séropositifs selon ONUSIDA, 22 millions vivent en Afrique. C'est dire que les deux tiers de la population touchée par le SIDA dans le monde est africaine.
En 2010 il y aura 18 millions d'orphelins du sida en afrique méridionale (chiffre de l'OMS cité par Jean Ziegler, professeur émérite de l'université de Genève, rapporteur spécial pour l'ONU en Afrique de 2001 à 2008, et membre du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, dans son livre "La haine de l'occident".)
C'est à ces futurs orphelins, et actuels séropositifs que le pape est venu annoncer sa nouvelle théorie selon laquelle le préservatif allait faire empirer les choses. Bien sur l'Église n'a jamais soutenu le préservatif, et Benoit XVI s'inscrit fièrement dans la ligne de pensée de ses prédécesseurs, mais en franchissant un pas de plus qu'eux. Un pas qu'il aurait aussi bien pu ne pas franchir tout en conservant ses positions. Qu'il soit contre c'est une chose, mais qu'il le crie haut et fort en est une autre.
Même ses équipes sur le terrain l'enjoignent de changer son fusil d'épaule: selon cet article de La Croix, 60 à 70% des membres de certains diocèses sont eux-mêmes touchés par le SIDA et réclament des politiques plus réalistes sur la question.
Quand on jouit d'une autorité spirituelle, celle d'un "Trés saint père", et que l'on clame des contre-vérité dangeureuses pour la vie de tant de gens, il devrait y avoir des moyens de contro;er ce discours. Quel est le moyen aujourd'hui de faire changer le pape d'opinion, ou du moins de discours? Y a-t-il une cour de justice devant lequel le trainer pour irresponsabilité, conduite dangereuse pour la santé d'autrui, ou mise en péril de la santé publique? Non bien sur.
Par contre il existe un moyen à la portée de tous, c'est de parler, d'écrire, de communiquer son (re)sentiment. Le jour où la question fera surface dans votre cercle d'amis, au bureau, ou en famille, manifestez-vous, prenez position, ne restez plus silencieux en attendant que la conversation change de sujet, dites que ca suffut d'entendre de telles énormités. Nous vivons désormais dans un monde ou le citoyen peut et doit s'exprimer, en utilisant tous les outils à sa disposition. L'église, comme toutes les institutions ne pourra rester muette et immobile devant un mouvement populaire important. Elle a d'ailleurs déjà prouvé, dans plusieurs situations, qu'elle avait à coeur l'opinion publique et que cette dernière avait les moyens, et la force de la faire bouger.
2 commentaires:
Sacha, peux tu eclairer ma lanterne en ce qui concerne la position anti-preservatif de l'eglise catholique? Quelles sont les raisons qui sous-tendent cette aversion? je suis surement naive mais je passe a cote de quelque chose...
Sais-tu aussi quelle est la position d'autres leaders religieux (islamistes, juif, protestants) sur la question?
Bonjour SEcretID,
La question est compliquée, mais en substance, le pape ne fait qu'affirmer la sacralité des liens du mariage, hors desquels il ne devrait pas y avoir de relation sexuelle. Abstinence et fidélité sont les valeurs (trés nobles au demeurant) que défend le Pape.
Il passe juste à coté de plusieurs réalités, comme par exemple la multiplication des relations sexuelles avant et hors mariage, ou encore l'homosexualité (qui ne peut se dérouler dans le cadre du mariage ben sur...). Je rappelle que l'église a toujours condamné l'homosexualité.
Les autres religions ont sensiblement les mêmes positions en termes de valeurs mais sont (parfois) plus ouvertes et plus pragmatiques sur leur application.
Voici quelques liens crédibles et éclairants sur la position hébraique d'abord (voir surtout page 7) et mulsumane ensuite.
http://www.ibe.unesco.org/fileadmin/user_upload/archive/publications/Prospects/ProspectsPdf/123f/steinf.pdf
http://www.mosquee-de-paris.net/Conf/Medecine/I0201.pdf
Sacha
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