mardi 2 février 2010

Et si Haiti nous faisait oublier l'essentiel?



Depuis Haiti, il est difficile d'aborder d'autres sujets humanitaires que celui de cette ile des Caraibes. Ce n'est pas que les autres causes deviennent soudainement moins importantes, mais c'est parce qu'il semble qu'Haiti soit un catalyseur de l'attention des médias et du reste du monde sur l'action humanitaire, les situations d'urgence, les nouvelles possibilités de se mobiliser en tant qu'individus connectés et en tant que communautés.

La philanthropie 2.0 chère à la fontaine de pierres est devenue mainstream depuis Haiti. Les projecteurs de l'actualité internationale sont braqués sur les résultats des déploiements de la générosité internationale en Haiti. Combien de temps les médias choisiront de couvrir l'évènement? Probablement pas plus que quelques semaines, malheureusement...

Certes il est important de se mobiliser lors des grands drames. Certes les calculs d'efficacité sont pertinents. Bien sur qu'il faut choisir des ONG expertes en situation de crise. Et moi aussi je tripe sur le pouvoir des médias sociaux et sur les records de dons amassés via SMS pour la première dans l'histoire humanitaire.

Mais il me semble que l'intensité soudaine de attention des médias sur notre secteur nous fait oublier l'essentiel. L'essentiel c'est que des gens souffrent, d'autres meurrent. L'essentiel, ce n'est pas que la terre a tremblé une fois, même si c'est ce dont on a besoin pour réaliser que ca peut nous arriver à tous. C'est peut-être pour ca qu'on se sent si solidaires...

On oublie aussi que le drame ne fait que commencer. Souvenez-vous de la crise au Soudan. Depuis les attaques d'il y a 5 ans, des populations entières ont été déplacées. Elles ne meurrent plus de la violence. Au Soudan, depuis 5 ans, on meurre à 20% de la violence et à 80% de la... diarrhée.

La campagne Save the children nous ramène aux vraies valeurs

Le spot du début de ce billet est un spot de Save de Children pour sa campagne contre la Malaria. Bien sur elle sensibilise à la maladie et à ses ravages, mais ce qui me plait surtout dans cette campagne c'est qu'elle nous montre du vraie monde, pas des statistiques, pas des chiffres en noir sur blanc. On est plus dans le débat de qui donne le plus et de qui gère les dons mieux que les autres. On est dans l'émotionnel. C'est le genre de campagne qui selon moi permet d'illustrer le fait qu'on ne devrait pas attendre les grandes catastrophes naturelles pour s'impliquer et pour donner. Il me semble que les peuples et les nations devraient s'impliquer tout le temps, sur le long terme, et de manière durable.
Non?
Il y a d'autres spots dans la campagne pour achever de convaincre...





1 commentaire:

Martin a dit…

Excellent article. je me posais justement la question ces derniers temps et je me suis dit (en essayant d'être positif) que le sensationnalisme médiatique autour d'Haiti aura au moins sensibilisé (et peut-être converti) certaines personnes et entreprises qui ne pensaient jamais à ce genre de questions. Vont-ils oublier rapidement? Certains le feront. Mais peut-être qu'une bonne partie de la population nouvellement intéressée à la philanthropie sera ouverte à d'autres causes dans le futur, toutes aussi importantes, bien que souvent moins sensationnelles? Espérons-le...