Que vous travailliez dans le domaine des médias traditionnels ou des médias sociaux, ou ce qui est plus rare, comme moi, dans les deux à la fois, vous êtes déjà exposé au phénomène des "curators".
Il reste encore à trouver un équivalent en francais au terme "Curator". Ce que je peux tout de suite vous dire c'est que ce terme va devenir de plus en plus fréquent dans vos lectures. L'un des responsables de l'explosion de cette tendance est Steven Rosembaum, et son livre à venir "Curation Nation"
Certains des penseurs les plus influents du web issus la Silicon valley ont déjà lu le livre, et en ont déjà fait l'apologie. Le site du livre Curation Nation (et oui, même les livres ont leur site web désormais), se fait même le messager de ces critiques unanimement positives et qui semblent annoncer un nouvelle tendance, ou du moins le prochain buzzword. Le phénomène n'est pas nouveau, ceux qui sont sur Tumblr par exemple sont des Curators depuis des années.
Le Curator, historiquement, était le conservateur du musée. C'était lui qui décidait d'acquérir telle ou telle oeuvre, de la montrer ou pas, de lui donner plus ou moins de place dans son musée. Transposée au monde du web, cette notion de Curator implique que l'agrégation de contenu de qualité devient aussi importante, si ce n'est plus importante, que la création de contenu en tant que tel. Les individus, comme les organisations, mettent de l'avant leur propre valeur en fonction de la qualité du contenu non pas qu'ils créent, mais qu'ils diffusent.
Dans une certains mesure, twitter fonctionne un peu sur ce principe. La plupart du monde diffuse du contenu, des références, des URL, qui proviennent d'autres sources. Twitter est devenu mon filtre social. En regardant la timeline, je sais que les liens proposés par certaines personnes seront toujours interessants. Ceux qui poussent du contenu systématiquement inintéressant ne font pas long feu dans ma timeline je dois dire... Tous ceux qui sont sur twitter sont donc mes filtres sociaux, mes curators d'information. L'intérêt c'est que je n'ai plus besoin de lire le journal pour être informé: l'information pertinente pour moi va me trouver elle même.
Il me semble que les grands médias de ce monde gagneraient en instaurant des applications pour personnaliser leur contenu, et se transformer en curators. L'avantage c'est qu'en proposant de tels outils, ils offriraient aux individus le loisir de devenir leurs propres rédacteurs en chef de leurs journaux sur le web. D'ailleurs s'ils ne le font pas eux-mêmes d'autres le feront à leur place pour créer des plateformes de curation. Saviez-vous par exemple qu'il est désormais impossible de faire une application iphone pour une radio? Si par contre vous proposez une application pour plusieurs radios, ou pour découper des contenus issus de plusieurs stations, là l'Apple App store vous est encore ouvert. Saviez-vous aussi que Wordpress a développé son plug-in de curation?
Je parierai assez cher que l'application de Murdoch pour le iPad, qui devait sortir cette semaine mais qui a été repoussé, sera une première étape dans les plateformes de Curation. Si j'étais un grand groupe de presse, je créerait une application permettant de m'abonner à certains articles de certains de mes magazines, à la carte. Et si tous les grands groupes s'accordaient pour que je passe par une seule application, je disposerai d'un magasine qui m'enverrait des articles de Geo, du National Geographic, du Huffington Post, de la Gazette, et du Times directement sur mon iPad. oui je sias je rève en couleur mais qui sait... Flipboard est un premier pas, sauf qu'il m'envoie tout le contenu de certains magasines seulement.
En attendant j'observe aussi que pour les simples internautes, ou pour certaines organisations, des outils de curation se développent et deviennent de plus en plus populaires.
Si vous êtes une ONG par exemple, vous pourriez utiliser l'un de ces nouveaux outils qui vous permettent de filtrer ce que vous lisez, de l'agglomérer et de le partager. En voici une liste non exhaustive... dont la longueur montre bien que la tendance est lourde.
- Pearltrees.com (qui a l'avantage d'être en francais)
- Storify.com (que j'aime bien)
- Paper.li (que je n'aime pas trop d'ailleurs)
- Curated.by
- Keepstream.com
- Trailmeme.com
- Pinboard.in (qui ressemble un peu à delicious, en mieux, mais dont le design est un peu froid mon gout)
- Flipboard (dont j'aurais déjà du mal à me passer)
- Scoop.it
- Bagtheweb.com
- Chirpstory.com
4 commentaires:
Merci, Sacha. Cette notion de Curator (ou de commissaire, en français) rejoint un peu ce qu'on tente de faire depuis un moment avec Projet Columbus: mettre en place des canaux de détection, d'analyse et de partage d'infos pertinentes, inédites, selon des thématiques et groupes spécifiques afin de favoriser l'avancement d'une "discussion" collective ou d'une pratique professionnelle. Benoit D
J'aime. Billet qui me fait songer aux récents articles de Gunther Sonnenfeld sur goonth's posterous.
Salut, que penses-tu de Jumo, le "facebook solidaire" ? il me semble qu'il commence démarre bien, mais je ne l'ai pas testé...
@Caro, pas sur de Jumo. belle idée, mais il y a encore loin d ela coupe aux lèvres.. SD
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