Le blogue de Sacha Declomesnil: philanthropie 2.0 notamment, mais pas seulement
mercredi 28 janvier 2009
Davos 2009, et mes suggestions à la Fondation Gates
Bill gates vient juste de publier sa newsletter annuelle , et selon Robert Scoble sur Twitter, tout le monde à Davos l'a déjà lue avant d'arriver au sommet qui commence aujourd'hui. Je l'ai donc lue aussi même si je ne suis pas à Davos. Dans la mesure ou le thème annuel est "redessiner le monde d'aprés la crise", il est intéressant de constater que tous ces grands acteurs économiques s'inspirent des écrits du plus céèbre des philantropes.
Bill Gates annonce dans cette lettre ne pas avoir échappé à la crise, et sa fondation aurait perdu 20% de ses avoirs en 2008. Ceci ne l'a pas empéché de financer des projets à hauteur de 5% de ses actifs pour un total de 3,3 milliards de dollars. Par ailleurs, il nous annonce qu'en 2009, c'est un total de 7%, soit 3,8 milliards de dollars qui seront investis dans ses causes de prédilection que sot la santé et l'éducation.
Je ne suis pas un gestionnaire d'actifs, (et ne souhaite pas le devenir), mais si j'avais les miettes de 30 milliards de dollars à dépenser en philanthropie, je crois que je prendrais une partie de ces avoirs, mettons une petite centaine de millions de dollars, et je créerai un fonds d'investissement en capital social (ou philanthropique) comme j'en parlai déjà ici l'an dernier... Ce fonds d'investissement serait voué à aider des entreprises (et non des ONG) qui auraient cette particularité de faire progresser des causes sociétales. L'idée est de renforcer l'aspect lucratif de la philanthropie. C'est déjà l'idée de Bill Gates lui-même lorsqu'il parlait l'an dernier de capitalisme créatif. Un tel fonds lui permettrait d'avoir un moyen et un levier pour mettre en aplication son concept.
Une autre suggestion que je permettrai de faire à l'illustre Bill Gates, car elle est aussi dans l'air du temps, ce serait de développer un outil de mesure des résultats obtenus. Il se plaint lui même dans sa lettre que
-"Another way that running a foundation is not like running a business is that you don’t have customers who beat you up when you get things wrong or competitors who work to take those customers away from you. You don’t have a stock price that goes up and down to tell you how you’re doing. This lack of a natural feedback loop means that we as a foundation have to be even more careful in picking our goals and being honest with ourselves when we are not achieving them."
Créer un outil, ou un système à grande échelle qui permettrait de faire remonter l'information, les insights des premiers bénéficiaires de ses actions et d'en mesurer l'impact sur leur vie serait une innovation dont toutes les autres ONG bénéficieraient. Quand on est le plus important joueur, il me semble que nous avons la responsabilité de créer les standards de l'industrie...
Une piste pour parvenir à un tel outil serait de développer ce que Beth Kanter appelle le nouveau ROI, dans lequel le i serait celui d'insight et non d'investissement. L'idée n'est pas de supprimer la notion de retour sur investissement, bien au contraire, mais de lui ajouter une notion de retour sur opinion. Un tel système serait au coeur de la philanthropie 2.0 puisqu'il permettrait le dialogue dans les deux sens: bottom-up et top-down.
Quand on constate que l'industrie philanthropique a ses entrées au plus hauts niveau de l'état et de l'entreprise, on en peut que se demander dans quelle mesure elle ne va pas carrément influencer les politiques de par ses réflexions et ses moyens financiers... Cette tendance inévitable m'incite encore plus à militer pour une forme de prise en compte des efforts philanthropiques sur la population cible...
Quand on voit qu'Obama s'efforce d'obtenir des commentaires et du soutien de la part de sa base, et deu l'ensemble de la population, il me semble que les grandes institutions philanthropiques du type de la Fondation Gates devraient travailler à mettre en oeuvre des outils similaires... qui bien sur passeront par le web, vous ne croyez pas?
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