Le blogue de Sacha Declomesnil: philanthropie 2.0 notamment, mais pas seulement
jeudi 20 décembre 2007
Revue de l'année philanthropique 2007
Pour l'un de mes derniers posts de l'année, je voudrais sacrifier au rite du retour en arrière en me prétant au jeu de la revue de l'année 2007, avec ses plus grandes réussites et ses "buzzwords" pour tout ce qui touche à la philanthropie.
1- Pour le viral, l'opération webbénévole de la croix rouge francaise, que j'ai endossé en l'évoquant dans un post et en mettant le badge de la campagne sur mon blogue, est ma préférée. Le nombre de webbénévoles a plus que doublé depuis que je me suis inscrit (1500 aujourd'hui) sur le site de la campagne. Un point positif de cette campagne, c'est qu'ils envoient régulièrement aux ambassadeurs de la cause des nouvelles POSITIVES des résultats apportés. Par exemple, tout le monde se souvient du tsunami de Décembre 2004, il y a déjà 3 ans, mais qui parle encore des résultats de la mobilisation humanitaire mondiale sans précédant qui s'en est suivi? Les webbénévoles de la Croix Rouge recoivent ces informations et il leur appartient de les diffuser s'ils le souhaitent. Pour la santé du don dans l'avenir, je trouve important de souligner les résultats encourageants accomplis avec les fonds recueillis pour cette tragédie. La Croix Rouge française nous informe que plus de 112 millions d'euros ont été reçus, qui ont donné lieu à la mise sur pied de 155 projets sur 7 pays et permettant de venir en aide à plus de 900.000 personnes. Pour que les donateurs aient une idée plus précise encore, la croix Rouge diffuse sur internet 4 vidéos montrant les progrés réalisés.
2- Pour les réseaux sociaux, la francophonie a découvert Facebook. Le Canada est le deuxième pays représenté sur le réseau avec plus de 7 millions d'utilisateurs, soit prés du quart de la population du pays. La France de son coté a pris la piqure plus tard dans l'année et vient de franchir le millionième membre. Le plus important pour la philanthropie sur Facebook réside dans deux applications. La première, "Causes" permet de créer une vitrine de son ONG et de collecter des fonds directement sur le réseau ainsi que de recruter de nouveaux militants parmi ses amis. La seconde est l'application "petitions", développée par Care2, et qui permets de créer et de diffuser sa propre pétition sur la cause de son choix. Grace à ces applications (notamment), Facebook est assurément devenu un buzzword de 2007 pour le monde de la philanthropie 2.0
3- Pour les innovations sur internet, je voudrais saluer la naissance de deux sites web: philanthropes.net en France, un portail de la philanthropie, et thecommunity aux Etats Unis: le réseau social de la philanthropie qui essaie de ressembler à facebook sans y parvenir. Ils auraient probablement mieux fait de créer leur communauté directement sur Facebook pour profiter de sa notoriété plutôt que d'essayer de lui faire de l'ombre...
4- Pour les publicités, j'ai souligné dans ces pages plusieurs fois le travail extraordinaire d'amnistie international dans plusieurs pays. Ils ont gagné un Lion lors du dernier Festival de la publicité de Cannes avec la campagne signatures, et ils continuent de faire avancer la cause des droits de l'homme dans le monde entier.
5- Pour les tendances, j'ai noté un déclin flagrant du shockvertising, cette mode qui consiste à choquer l'auditoire pour lui faire passer un message sociétal. Je suis de plus en plus persuadé que cette technique fatigue le spectateur. Dans un monde ou l'image est de plus en plus présente, il faut savoir cesser l'escalade dans l'insoutenable et revenir à la base du métier de communicateur: expliquer et démontrer l'utilité et la nécessité de notre action philanthropique. La tache est plus longue et plus ardue que le simple fait de montrer des images percutantes, mais l'effet à long terme s'en trouve décuplé, et surtout mesurable. Certaines campagnes continueront d'utiliser ce moyen, et pour certains domaines celà me semble justifié, comme la sécurité routière par exemple, mais pour la plupart, ce sera l'effort de démonstration qui l'emportera. Une tendance à surveiller en 2008...
6- Pour les grands philanthropes, nous assistons à une tendance de plus en plus marquée qui veut que de célèbres hommes d'affaires mettent leur fortune personnelle au service de la société civile en créant des fondations. Le champion a avoir lancé la tendance fut Bill Gates dont la fondation s'appuie sur un capital de prés de 34 milliards de dollars depuis la donation record de Warren Buffet en 2006. Au Canada, c'est André Chagnon, ancien homme d'affaire du monde des télécommunications, qui gère la plus grosse fondation du pays, distribuant une soixantaine de millions de dollars tous les ans. Au Mexique, c'est l'homme réputé le plus riche du monde, Carlos slim, également magnat des télécoms, qui mets 10 milliards de dollars dans ses fondations pour lutter contre la maladie et la pauvreté. Le monde de la philanthropie se doit d'être de plus en plus transparent devant des investissements tellement importants qu'ils rivalisent avec ceux que peuvent faire certains gouvernements. La transparence, ainsi que la responsabilité sociale de "l'industrie philanthropique" sera plus que jamais à l'ordre du jour dans les prochaines années. Un autre phénomène à surveiller de prés en 2008.
7- Enfin, un dernier buzzword que j'invente pour marquer l'année 2007, le "don avec achat" qui consiste à faire un don sans s'en rendre compte lorsque que l'on fait une transaction quelconque. Le marketing utilise depuis toujours (ou presque) la prime, ou le "cadeau avec achat", la philanthropie, elle, utilisera le "don avec achat". Ainsi, selon la cause choisie, vous pouvez par exemple donner pour la préservation de la nature à chaque fois que vous utilisez votre carte visa avec la carte nature de Visa Desjardins. Ou encore surfez sur le web en faisant des dons avec jaide.ca. De même, pour montrer l'importance de cette tendance en amérique du Nord, plus de 15 sites de recherches dont 30 à 100% des revenus publicitaires sont reversés à des organismes caritatifs, sont référencés ici. Aux États unis encore, vous pouvez choisir une compagnie de téléphonie qui redonne une partie de ses recettes à des organismes caritatifs. Et si vous êtes un investisseur averti, vous pouvez également faire en sorte que votre argent soit placé selon des critères solidaires avec des fonds éthiques, qui ont actuellement le vent dans les voiles.
Vous pouvez encore acheter solidaire en France sur le site de soliland où une partie de la commission que touchent les sites pour référer des clients est également reversée à des organismes. Quand pour le même prix vous avez le choix entre acheter le téléviseur qui vous fait réver depuis longtemps, ou acheter ce même téléviseur tout en faisant en sorte que 15% de son prix aille à Médecins sans frontière (ou qui que ce soit d'autre), que choisissez-vous de faire? Consommer devient de plus en plus un choix politique et social. Le don avec achat est sans douleur, il permet de donner sans s'en rendre compte, au moment où l'on ouvre son porte-monnaie pour soi. Une partie de la dépense est dirigée vers le don. Voici donc une autre tendance forte qui va se démocratiser et prendre toute son ampleur dans un avenir rapproché.
Voilà donc la revue de l'année 2007 pour la philanthropie moderne, avec ses tendances et ses mots clés, qui donnent déjà une idée de ce à quoi devrait ressembler 2008. Je réalise que je viens déjà de me donner des missions de surveillance de tendances pour alimenter ce blogue l'an prochain. Ca sent déjà les résolutions de début d'année... Il est encore un peu tôt pour ca, mais j'y reviendrai...
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