L'été dernier déjà, j'évoquais le phénomène des parco-dons implantés à Montréal par la mairie au profit de l'organisme Itinéraire, luttant contre l'itinérance et les sans-abris.
Je trouvais l'idée excellente mais je m'interrogeais sur son efficacité. Depuis, des lecteurs ont laissé des commentaires critiquant cette idée, et le directeur de l'Itinétraire à laissé un commentaire sur les résultats de l'opération: en moyenne chacun de nos parco-dons récolterait 20$ par jour, ce qui me parait un résultat fantastique, 15 fois supérieur à ce qui se fait ailleurs.
Tout ceci m'a incité à faire d'autres recherches sur les parco-dons.
Les parco-dons semblent initialement apparaitre à Baltimore en 2006. Ils y sont gris et bleu, et lorsqu'on insère une pièce, la flèche passe de desespoir (despair) à espoir (hope)
Selon cet article, les montants perçus ne sont pas aussi importants que l'image qu'ils véhiculent pour la population: elle sensibilise et surtout éduque la population locale aux problèmes de pauvreté auxquels fait face la municipalité. Le USA today confirme dans cet article que Baltimore ne perçoit qu'environ 100$/mois pour tous ses parco-dons, ce qui me parait fidèle à mes observations de faible utilisation de ces machines que je mentionnais dans mon billet précédant..
Mais la ville américaine le plus en avance à la fois pour les parco-dons et pour la lute contre la pauvreté serait Denver dans le Colorado. Dans un avion l'été dernier, je suis tombé sur cet excellent article du Toronto star qui fait le tour de la question. Le parcomètre rouge de Denver indique à quoi servira notre petite monnaie: pour 50 cents, vous aidez un sans-abri à utiliser le transport en commun pour se rendre à un rendez-vous. Pour $1,50 vous lui offrez un repas. Et pour $20 vous lui permettez de couvrir tous les frais de logement, nourriture, vêtements, et assurance emploi pour toute sa famille durant une journée entière. Là on parle! Là je prends conscience de l'importance de mon geste!
Car les sommes perçues par Denver, qui fait office de précurseur dans la lutte à l'itinérance, sont intégralement reversées au programme municipal de lutte contre la pauvreté. Un ambitieux projet que le maire a mis au point et qui part d'un constat d'une étonnante simplicité: puisque le problème des sans-abris est qu'ils n'ont pas de logement, donnons leur un logement et nous aurons règlé le problème... durablement. Il a aussi fait le calcul que de construire des logements pour les sans-abris (première étape de leur réinsertion) reviendrait moins cher que de les laisser dehors et de payer les frais d'abris d'urgence, de soins médicaux, de désintoxication et d'incarcération. Il économise même 1,5 million de dollar par an en logeant les sans-abris.
Ayant fait ce rapide calcul, le maire a décidé de construire et d'ainsi supprimer l'itinérance de 75% en 5 ans. Voilà ce que j'appelle un programme: des objectifs clairs, quantifiables et mesurables. Les parco-dons ne sont qu'un élément de cette politique globale et courageuse. Selon les chiffres que j'ai trouvé, Denver n'aurait récolté que $8840 de ses parco-don durant les 6 premiers mois de l'opération, soit moins de 1500$ par mois au total, soit près de 40$ par parcomètre et par mois (pour 36 parcomètres mis en services). D'où ma surprise des résultats de 20$ par jour de Montréal.
De plus, les sommes de Denver ne comptent pas le fait que chaque parco-dons est également adopté par un commercants, pour 1000$ par an, ce qui en augmente d'autant plus les revenus. On peut se douter que ce commerçant est un excellent ambassadeur de la cause municipale. Le succés est tel que les policiers craignent un exode de tous les sans-abris du pays vers leur ville. En effet, une étude citée par le USA today montre que la ville a déjà logé 300 familles de manière permanente (soit 1000 personnes), et que 83% y restent toujours un an plus tard.
D'autres villes semblent interessées par ce type d'action, comme Toronto, ou Las Végas. Et je persiste à penser que Montréal pourrait encore améliorer sa performance déjà notable, notamment par l'implantation du système d'adoption. Étrangement, je n'ai trouvé aucune initiative similaire en Europe ou en Asie, je serai curieux de savoir comment performe ce système ailleurs dans le monde...
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